Rapport Hetzel, à contre courant des besoins des étudiant-e-s


Alors même que les licences professionnelle ont depuis longtemps montré leur non pertinence aussi bien en matière de transmission de la connaissance qu’en matière d’accès durable au marché du travail et se sont avérées particulièrement coûteuses (c’est ce que dit la cour des comptes), le gouvernement qui n’a surement pas fréquenté assez longtemps les universités, souhaite les développer.

On se demande bien quand le gouvernement abandonnera sa démarche purement idéologique visant à satisfaire les besoins présumés des entreprises exprimés par le MEDEF et choisira enfin de voir l’intérêt des étudiants et accessoirement celui de la société dans son ensemble, en nous permettant d’acquérir lors de notre licence des connaissances générales dans une démarche scientifique et interdisciplinaire, en nous permettant de nous professionnaliser une fois notre licence acquise.

Malgré un vernis qui parle d’incitation plus que de contrainte, le gouvernement entend transformer l’université en une sorte de lycée technique du supérieur chargé de fournir aux entreprises locales une main d’oeuvre corvéable à souhait mais toutefois dotée des connaissances minimum nécessaires au poste précis pour lequel il aura été formé. Si ce poste disparait avant la fin de sa licence professionnelle, l’employé perdra d’un seul coup toute son employabilité et se retrouvera au chômage sans passer par la case emploi. Si par chance l’emploi existe encore à la sortie de la formation il sera soumis à l’arbitraire patronal de façon extrêmement forte puisque au lieu de fournir des connaissances à l’étudiant, l’université lui aura fourni des compétences uniquement appliquables dans ce secteur très précis. Si l’ouvrier servil a de la chance, il pourra occuper son poste quelques années, mais ces compétences devenant vite obsolètes (contrairement aux connaissances générales qui auraient pu lui permettre de s’adapter à une diversité de poste et à l’évolution de son activité) il sera remplacé en même temps que la machine ou le logiciel qu’il utilise.

L’élite quand à elle sera fournie par les quelques grandes écoles, la main d’oeuvre corvéable a besoin de dirigeants.

Bien sur cet avenir enviable d’employé qualifié servil, sera une chance, un tel système a aussi besoin d’une main d’oeuvre à peine alphabétisée, pour cela le gouvernement compte bien sur revenir plus largement sur l’école obligatoire jusqu’à 16 ans : un premier pas a été fait au printemps dernier avec la loi dite « pour l’égalité des chances » qui permet de déroger à cette obligation via l’apprentissage. Mais il ne s’arrêtera pas là : après l’orientation professionnelle en 3ème que préconise ce rapport, s’en suivra la sortie de plus en plus hâtive du système éducative de la descendance des populations les plus défavorisées.

C’est ce que le gouvernement appelle l’« égalité des chances ».

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