En parallèle de la mobilisation nationale du 28 mars dans l’ensemble de l’éducation, de la maternelle au supérieur, appelée par une large intersyndicale de syndicats de l’Education Nationale, du supérieur, et d’étudiants ainsi que par plusieurs assemblées générales locales dont celles du 21 mars à Lille 1 et 3, les 4 organisations étudiantes représentatives de l’IEP (S&A, Unef, Affranchis, Déclic !) ont appelé à une assemblée générale ce jeudi à 12h en B2.1. L’AG concerne la baisse de 5% de la Dotation Globale de Fonctionnement de l’IEP lillois soit 1,3% du budget consolidé c’est-à-dire 75.000 euros (environ 900 heures de TD). .
SUD a refusé d’appeler à cette AG mais sera néanmoins présent pour faire entendre notre vision, notre analyse et nos propositions.
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D’abord nous condamnons le fait que cette AG se fasse totalement en marge de la journée nationale de mobilisation dans l’éducation : S&A a ainsi refusé d’appeler à la manif lilloise (contrairement à SUD bien sûr). Cette non-connection avec la mobilisation dans le reste de l’éducation reflète le caractère nombriliste voire « corporatiste » de la mobilisation.
En effet les perspectives de mobilisation évoquées par les 4 organisations représentatives sont centrées sur les IEP : lettre ouverte à la ministre, pressions pour une lettre commune des directeurs d’IEP, mouvement « inter-IEP » avec une journée « IEP mort » le 4 avril… Quand on entend cela, l’AG semble jouée d’avance. L’objectif de cette mobilisation nombriliste n’est pas de combattre l’austérité mais bien d’avoir quelques crédits en plus sous prétexte que les IEP sont plus pauvrement dotés (c’est en partie vrai et en partie faux pour des raisons complexes) ou qu’ils dispensent des enseignements de meilleur qualité que « la fac » (c’est souvent faux).
A l’inverse, nous pensons, à SUD, qu’une mobilisation anti-austérité dynamique et victorieuse ne pourra se faire qu’en s’appuyant et en convergeant avec les luttes en cours dans l’enseignement supérieur, dans l’éducation et dans le reste de la société.
1er exemple : la lutte des précaires de la recherche
Si l’IEP n’a plus d’étudiants de 3ème cycle (doctorants), près de 90% de son personnel enseignant est composé de vacataires. Ces-derniers sont parfois des doctorants ou des post-docs en attente de titularisation, sans garantie sur leur revenu et sur leur avenir. Des collectifs de précaires exigeant des titularisations se sont créés dans une quinzaine de villes universitaires et il nous semble important que cette question soit liée à la mobilisation à l’IEP d’autant que, si l’IEP emploie des précaires, c’est par manque de postes titulaires d’Etat.
2nd exemple : la loi Fioraso
C’est la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur. Contrairement à ce que disent S&A et les autres, cette loi aura des répercussions directes sur l’IEP.
C’est d’abord le cas par l’intermédiaire des masters 2 co-habilités avec les universités lilloises avec l’homogénéisation nationale des intitulés, les fusions et suppressions de filières à l’horizon ou les incohérences entre contenu et intitulés (voir sur ce sujet le II du compte-rendu du CEVU de Lille 2 du 26 mars, très éclairant à ce sujet).
Ensuite, l’IEP est partie prenante de la « recomposition » de l’enseignement supérieur et de la recherche au niveau régional. Avec l’obligation de se regrouper au niveau académique voir de fusionner, les établissements publics (universités et écoles dont les IEP) ne signeront plus qu’un contrat quinquénal unique avec l’Etat. Rappelons que ce contrat définit … la Dotation Globale de Fonctionnement de la communauté d’établissements.
Enfin, rappelons que l’IEP est lié à 3 laboratoires de recherche (IRHIS, CERAPS, CLERSE). La loi modifie aussi les missions de la recherche en mettant en avant son intérêt économique et instaure, comme critère d’évaluation, le « transfert » immédiat de la recherche dans le monde économique. Un critère qui va affaiblir encore les laboratoires de sciences sociales comme le CERAPS, le CLERSE ou l’IRHIS.
Nous défendons les étudiants et non l’IEP
Si l’austérité, de manière générale et notamment dans l’enseignement supérieur, doit être combattue, il faut aussi souligner que de nombreux établissements publics, et en particulier les IEP, dépensent une fortune en terme de communication : le but est d’être « attractif » dans le grand « marché concurrentiel du savoir ». Il ne s’agit donc pas d’avoir « plus de moyens » mais aussi de réfléchir à comment devons-nous les employer.
Enfin, il est aussi nécessaire de s’interroger sur « quel enseignement des sciences politiques voulons-nous ? » : SUD s’est toujours affiché comme favorable à une universitarisation des IEP avec de vrais licences/masters en sciences politiques et sociales accessibles à toutes et tous. Nous ne faisons donc pas de la « défense des IEP » un objectif, bien au contraire.