Les résultats de deuxième session sont tombés, ouf, l’angoisse retombe. Mais pour certain-e-s elle commence ou recommence. La sentence peut être libératrice lorsqu’on lit les mots « admis », décevante si c’est « ajourné » mais aussi sans retour quand c’est « exclu » qui s’affiche sur nos écrans.
Beaucoup d’étudiant-e-s en effet ne réussissent pas à avoir leur année dès la première session, pour de multiples raisons dépendant des situations ; difficultés scolaires ou à se concentrer, salariat étudiant, besoin de plus de temps, environnement de vie compliqué, problèmes en tout genre imprévus ou systématiques pendant l’année ou depuis une longue durée, maladie longue ou épisodique, décès d’un-e proche, handicap, insomnies, problèmes ou ruptures familiaux, etc…
Toujours est-il que tout-e-s les étudiant-e-s ne sont pas égaux ou égales entre elles et eux, et que donc si certain-e-s réussissent à avoir leur année du premier coup, il est normal de donner aux autres une seconde chance. Voire plusieurs.
C’est pour cela qu’existent les rattrapages, mais également le redoublement qui permet aux étudiant-e-s qui ont besoin pour diverses raisons, psychologiques ou matérielles, d’une année en plus pour valider leur année.
Oui mais voilà, à Sciences Po le redoublement n’est pas un droit. C’est un privilège accordé par le jury ou le directeur.
Tous les ans, nombreux-ses sont les étudiant-e-s à être exclu-e-s de Sciences Po au nom de leurs « mauvais » résultats. Des étudiant-e-s qui souvent le sont car iels ont déjà redoublé l’année suivante. Puisque l’école n’autorise qu’un redoublement sur tout le cursus à ses étudiant-e-s. Soit une poignée d’étudiant-e-s qui chaque année repartent quasiment de zéro, doivent quitter l’endroit pour lequel ils et elles ont passé un concours, souvent fait une prépa, payé des centaines voir des milliers d’euros de frais d’inscription chaque année mais également doivent abandonner leur plan d’études et les cours, les associations, les ami-e-s qu’ils et elles aimaient. Des étudiant-e-s qui ont perdu leur bourse après leur première année de redoublement pour finalement partir avec rien, ou une équivalence pour laquelle ils et elles auront bataillé.
Tout cela est facilité par le système de contrôle des absences qui conduit tout droit aux rattrapages et donc rapproche de cette possible exclusion l’étudiant-e infantilisé-e.
L’argument méritocratique ne doit pas être utilisé : le but de l’enseignement supérieur n’est pas de sélectionner mais d’instruire les étudiant-e-s, quel que soit le temps que cela prendra. Le calcul de l’école ici est que les redoublements font baisser la valeur du diplôme et leur « coûte cher » (si l’on considère que l’enseignement est un coût)
Le redoublement ne doit pas être discrétionnaire, selon un jury clément, un-e étudiant-e valorisé selon on-ne-sait quels critères, un directeur sollicité et de bonne humeur : c’est un droit et une nécessité !
Ce que nous avons investi dans nos études ne doit pas être balayé d’un revers de la main au nom d’une quelconque excellence.
Alors exigeons un droit au redoublement inconditionnel !