Compte-rendu publié sur le site de la Communauté de l’Asso :
La phrase du jour : à propos des résidences CROUS : « C‘est un décret qui interdit de tuer les cafards [qui se trouvent dans les résidences habitées par les étudiant.e.s] donc il faut les éradiquer sans les tuer » : explication donnée par le personnel du CROUS à une question d’un élu UNEF lors d’une des interventions d’éradication.
Alors, on prévient tout de suite : on pourrait quasiment copier/coller les comptes rendus des réunions précédentes sur la vie étudiante, ça reviendrait presque au même. Une décision est prise, la seule, et seulement parce que ça a grogné pas mal : 13 pour ; 2 abstentions ; la CFVU de Lille 1 a voté l’absence de cours l’après-midi du festival Mixcité. Ça ne va pas plaire à Lille 2 et Lille 3, il semblerait qu’une décision commune avait été prise en amont pour dire qu’on « déconseillerait » les examens ce jour-là, la fusion promet d’être simple.
Pour ce CFVU de la vie étudiante, 4 représentant-e-s étudiant-e-s sont présents : un élu UNEF (le retour !), un élu InterAssos (le retour !) et 2 élues Communauté de l’Asso. C’est beaucoup 4 sur 16 par rapport à d’habitude !
Nous regardons un powerpoint détaillant la grande action de l’Université en matière de vie étudiante, il est lu intégralement. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qui avait été présenté en début d’année. On rediscute de l’aide sociale du FSDIE qui diminue parce que les étudiants sont mieux orientés par les assistantes sociales. Suite à une question d’une de nos élues sur l’exonération des frais d’inscription pour les doctorant.e.s précaires, nous apprenons avec stupeur de la bouche de M. Derozier qu’ « Il n’y a pas de doctorant.e non financé.e à Lille 1 », ce qui va d’ailleurs poser un problème lors de la fusion notamment à Lille 3 avec les sciences humaines [sous-texte : les sciences humaines, elles ne sont pas capables de financer leurs doctorant.e.s]. Par ailleurs, la DRH a récemment révélé qu’il y avait 100 Agent-e-s Temporaires Vacataires (ATV) à Lille 1, statut réservé aux doctorant.e.s non financé.e.s assurant des vacations. Il faudrait savoir : si 100 = 0, on va commencer à s’interroger sur la compétence de l’équipe présidentielle ou de présupposer sa malhonnêteté.
On parle des aides d’urgence du CROUS (FNAU renommées ASE : ce ne sont plus des aides d’urgence mais des aides « spécifiques »). Lille 1 et le CROUS présentent un atelier budget pour aider les étudiants pauvres à moins dépenser : ah, cette petite musique de mépris… On discute de l’employabilité des personnes en situation de handicap avec un dispositif qui laisse songeur : l’Université récupère des fonds pris sur la taxe que versent les entreprises qui refusent d’employer des personnes en situation de handicap pour … favoriser la meilleure insertion professionnelle de ces personnes, car les entreprises ont du mal à recruter des personnes en situation de handicap à bac +3 ou bac +5. Oui, ça a l’air plus fait pour les entreprises que pour les personnes en situation de handicap, mais bon, c’est une bonne action, on ne critique pas. Une syndicaliste enseignante réclame que les ascenseurs soient en accès libre, les représentants de l’Université écrivent sur leur papier avec un air sérieux. On dit que de nombreux-ses étudiant-e-s vont au secours populaire, mais bon, « Les étudiant-e-s paient pour avoir accès à l’aide alimentaire ». La formulation laisse rêveur. On voit apparaître de beaux projets : une épicerie solidaire (pour laquelle il faut d’abord passer chez l’assistante sociale), un panier bio solidaire (pour lequel il faut d’abord passer chez l’assistante sociale), des vergers et jardins partagés, des tickets RU pour les étudiants en précarité (passage chez l’assistante sociale), atelier cuisine pour cuisiner le contenu du panier bio (passage chez l’assistante sociale ?).
On apprend que l’engagement étudiant sera très probablement valorisé en ECTS (donc noté, comme une vraie matière, il y aura des cours et des TD ?), comme à Lille 2, en application d’un décret qui devrait sortir prochainement. Un label « engagement » récompense les étudiant.e.s qui s’engagent beaucoup, et un label « initiative » pour un engagement de 30h sur une période de 6 mois.
A la suite de nos questions sur l’implication des associations étudiantes existantes, on se rend compte que les acteurs et actrices de terrain qui font déjà des choses n’ont dans certains cas même pas été contactés ou informés (Ah oui c’est vrai en fait, Coup’d’Pousse font des paniers de légume bio, oh, zut, on ne leur en a pas parlé !), et que des engagements avec d’autres structures ont déjà été pris (les représentants de l’Université écrivent sur leur papier avec un air sérieux).
Le débat continue avec les soirées sound system. A entendre les représentant-e-s de l’Université, on se croirait dans les bas-fonds de la pègre : classement « rouge » au niveau sécurité, atteintes à la sécurité des biens et des personnes, drogues dures… Si on ne peut pas nier les difficultés soulevées par ces soirées, on est quand même un peu surpris d’apprendre qu’elles sont responsables de ces évènements et pas qu’elles en sont victimes. C’est limite si elles ne génèrent pas l’ensemble du trafic de drogue du campus. Et, bien sûr, seules les soirées sound system sont en cause : on ne parle pas des fêtes des BDE du style bio ou Polytech (on dit « associations de filières », pas BDE ni corpo, d’ailleurs) : dans ces soirées, aucun excès, et aucune atteinte aux biens (de l’Université ?) ou aux personnes, demandez aux filles de médecine, regardez les décharges qu’il font signer avant, ou relisez le code de la faluche pour vous en convaincre. La solution pourrait être de « diversifier la programmation » (quelqu’un dans la salle propose de faire des soirées danses classiques, mais tout le monde sait que pour ça, il y a l’Espace Culture).
On en arrive finalement à la MDE. Evidemment, on ne parle pas du budget, ni de réparations (les toilettes des filles par exemple), ni de ce que devient l’argent du concert de Mixcité (qui a visiblement disparu dans l’espace en même temps que le concert lui-même). Les permanences d’ESN, de SUD, de l’espace bidouille, n’apparaissent pas vraiment (pourtant, ça devrait faire au moins 12 au « label engagement », non ?). On pose la question du CROUS, qui s’était engagé à compenser la perte de recettes de l’AMUL pour la petite restauration : on nous regarde d’un air étonné, les représentants de l’Université écrivent d’un air sérieux sur leur papier. On parle de la vétusté des résidences du CROUS, et des cafards et des souris, il s’ensuit une conversation hallucinante sur l’impossibilité de venir à bout des nuisibles dont la citation de tête est extraite. Les étudiant-e-s ont l’audace de garder de la nourriture dans leurs chambres. Il semble qu’il va falloir cohabiter encore avec les bestioles puisque les étudiants ne crient pas assez fort. Le rapport de force est bien la seule modalité de dialogue.
On parle aussi des « espaces de convivialité », à savoir des lieux avec des tables, des chaises, et éventuellement des micro-ondes pour manger à la fac à peu près décemment. On a rouvert la cafeteria du M1 mais il faut un médiateur qui a un salaire (ah oui, c’est vrai, le truc embêtant de ces employés qu’il faut payer). Il y aura peut-être d’ici la fin de l’année universitaire deux (2 !) tables en extérieur mais il y a une « liste d’attente » (oui oui, une liste d’attente pour des tables) selon les bâtiments. Et des food trucks, et une cafeteria diététique dans la maison des sports en septembre 2018, et un espace couplé avec la maison du vélo sur le parking du P1. La seule solution viable semble être d’interdire la pluie et le vent.
Bref, il est midi, une unique décision a été prise durant ces 3 heures de conseil. Les élus peuvent vaquer à leurs occupations avec le sentiment du devoir accompli. Petite pensée pour les étudiant-e-s étrangers qui vont comme chaque année galérer pour s’inscrire, pour les personnes en reprise d’étude qui se ruinent dans des conditions difficiles. Petite pensée pour les victimes des inégalités institutionnalisées, de la sélection (en M1 aujourd’hui, en L1 demain !), de l’enseignement privé, de la pauvreté et de la misère…
Une de nos élues a savouré ce rare moment où on peut manger du chocolat non acheté à la cafet du CROUS dans l’enceinte de notre beau learning center sans que la sécurité arrive pour virer comme des malpropres les gens qui osent « remettre en cause le modèle économique du CROUS ».