Jeudi dernier, le 14 novembre, s’est tenu un rassemblement devant le CROUS dans la continuité du mouvement dénonçant la précarité étudiante, mise en lumière par l’immolation d’un étudiant lyonnais devant le CROUS le 8 novembre. Ce rassemblement avait été voté lors de l’Assemblée générale qui s’est réunie après le rassemblement du 12 novembre devant le CROUS appelé par Solidaires étudiant.e.s. A peine arrivé.e.s à ce rassemblement, encadré par un énorme dispositif de police constitué de CRS et de la BAC, le directeur du CROUS, Emmanuel Parisis, a demandé à rencontrer une délégation. Après une série de prises de parole de la part de syndicalistes et d’étudiant.e.s venu.e.s témoigner de leur situation, une délégation de cinq étudiant.e.s a été reçue pendant 2h par M. Parisis, le DRH du CROUS et la responsable des assistantes sociales, Madame Isabelle Danjou. Nous avons dû promettre, avant d’entrer, qu’il n’y aurait pas d’envahissement. Au risque d’entrer accompagné.e.s par les policiers, ce que nous avons évidemment refusé.
Alors que M. Parisis n’arrêtait pas de se féliciter d’être disposé à « répondre à nos questions », nous lui avons rappelé que nous n’étions pas là avec des questions mais avec des revendications. Dès lors, et pour tout le long de l’entretien, il n’a cessé de se dédouaner et de renvoyer la faute, nous répétant inlassablement que ce n’était pas de son ressort/ de la compétence du CROUS. Parallèlement, il n’a cessé de se féliciter de tout ce qui avait été mis en place par le CROUS. Un pouvoir d’intervention à géométrie variable donc.
Nous avons appris que dès le lundi soir (le 11 novembre soit 3 jours après l’immolation de notre camarade) le Ministère avait donné comme consigne aux CROUS de ne pas recevoir les étudiant.e.s. Cette interdiction a ensuite été levée, et une réunion avec les élus du CROUS a eu lieu au rectorat le mercredi suivant (13 novembre), sans que nous sachions ce qui avait été discuté ou décidé. L’entrevue avec le directeur et ces deux acolytes plutôt silencieux a été ponctuée par nos revendications, en partie issue du tract qui avait été distribué, et leurs protestations en réponse, toujours sur fond de méfiance et de déni de la parole des étudiant.e.s. Ce compte-rendu s’articulera donc autour des différentes revendications que nous avons portées.
Le relogement des habitant.e.s de la résidence Galois et de toutes les résidences insalubres
- Nous avons pointé la ségrégation raciale et sociale présente dans certaines résidences comme la résidence Galois sur le campus Cité scientifique à Villeneuve d’Ascq. Un ancien locataire faisait partie de la délégation et a raconté son expérience qui a été, évidemment, minimisée où les propos racistes traumatisants de la part d’une assistante sociale ne seraient qu’ « un « ressenti personnel ». Le directeur du CROUS a cyniquement totalement reconnu l’existence de cette ségrégation et de résidences insalubres. A propos de Galois, Bachelard ou Boucher, il explique qu’«effectivement si vous êtes pas nord-africain ou Afrique noire, à 99% vous ne vivez pas dans ces résidences » même si cela n’est pas de son fait.
- Il reconnaît qu’il faut réhabiliter ces logements mais le problème viendrait de l’absence de lieux où reloger les étudiant.e.s le temps des travaux. Actuellement, selon lui, 48 Millions d’euros ont été trouvés et 600 logements sont en réhabilitation. Il prévoit également la construction de 300 logements supplémentaires. Concernant Galois, le feu vert a été donné en juillet, ce qui veut dire qu’il faut encore compter 1 an et demi avant le début des travaux plus une année de travaux, donc pas moins de deux ans avant une véritable réhabilitation. Par ailleurs, réhabiliter veut dire perdre des places: 3 anciennes chambres correspondent à 2 nouvelles chambres réhabilités car celles-ci doivent être agrandies. Il explique avoir tenu, malgré les « consignes », à garder des chambres de 9m2 pour garder des loyers bas avec une mixité sociale importante. Ce qui, implicitement, lui avons-nous répondu, veut dire que les loyers des logements réhabilités allaient augmenter et reproduire une « ghettoïsation » des étudiant.e.s les plus précaires, relégués dans les autres résidences restées délabrées. Pour M. Parisis cela montre bien que l’enjeu est de réhabiliter au fur et à mesure pour éviter cette ségrégation, et que cela dépendait directement du CROUS de Lille.
- Nous lui avons rappelé que les étudiant.e.s extra-communautaires, en plus d’avoir vu leurs frais d’inscriptions multipliés par 7, n’avaient pas droit aux bourses. Le directeur a assuré qu’il allait faire remonter cette demande mais que la décision ne dépendait pas de lui. Il a reconnu que les étudiant.e.s boursier.e.s du gouvernement français sont prioritaires par rapport aux étudiant.e.s étranger.e.s, notamment pour les changement de résidence. Lorsque nous lui avons demandé pourquoi il n’était jamais venu aux réunions du collectif des étudiants de Galois et leurs amis qui se tiennent pourtant tous les mardis, il s’est insurgé en expliquant que sans lui et l’université, le projet Pilote, qui a permis à ces étudiants exilés d’étudier et dont ce collectif serait l’émanation, n’aurait jamais eu lieu.
- Il avait été annoncé que 300 logements modulaires ( pré-fabriqués) seraient installés à Cité scientifique pour permettre la transition lors des relogements : ils n’ont jamais été construits. La faute aux délais de construction qui équivaudraient à ceux pour des logements en dur nous répond-on.
- Le directeur a également confirmé les défaillances du Ministère et de la mairie, autres acteurs incontournables dans la politique du logement. En effet, la Ministre s’était engagée à ce que toutes les résidences de Cité scientifique soient rénovées d’ici la fin du quinquennat. M. Parisis l’a d’ailleurs rencontrée deux fois, avec deux recteurs différents, mais il s’est borné à la convaincre de ne pas fermer toutes les résidences sans conditions de relogement. Il nous assure avoir également dialogué plusieurs fois avec la mairie à propos des terrains, envisageant de construire sur la friche Saint-Sauveur et demandant à ce que les résidences ne soient pas que dans les quartiers les « plus pourris » où avaient lieu d’importants trafics de drogue.
Un meilleur accueil de la part des assistantes sociales et une confiance dans la parole des étudiant.e.s
- La responsable des assistantes sociales et le directeur du CROUS ont parfaitement illustré tout au long de l’entrevue ce que nous critiquons : le CROUS ne croit pas les étudiant.e.s. Nous avons mentionné des cas personnels ou rapportés de violence symbolique et psychologique de la part d’assistantes sociales doutant de la parole ou de la gravité de la situation des étudiant.e.s. Ces comportements ne sont pas individuels et viennent selon nous d’un manque de formation et de personnel qui poussent ces travailleuses à bout, mais aussi parce qu’elles incorporent ces discours responsabilisants, culpabilisants et méritocratiques. Cette violence extrême, menant les étudiant.e.s à bout ou au désespoir, comme notre camarade qui s’était vu refuser une aide d’urgence, doit alerter et entraîner des changements de comportements.
Mais aucune réponse de la part du CROUS, dont les représentants ont continué à nier les faits et à légitimer les règles ridicules que nous avions pointé comme exemple (comme l’obligation d’expliquer tous les ans qu’on ne peut pas fournir l’avis fiscal parental lorsque ceux-ci sont décédés). La responsable des assistantes sociales s’est défendue en expliquant que les dossiers d’urgences passaient tous les vendredis en commission avec des fonds de 5 millions d’euros. Cependant, les critères sont inconnus et complètement arbitraires puisqu’ « au cas par cas ».
La responsable a également reconnu à la fin de l’entretien que le site pour prendre rendez-vous avec une assistante sociale ne fonctionnait pas.
- Nous avons rappelé qu’il n’existait pas de permanence sur le campus Pont de Bois permettant d’avoir accès à une assistante sociale en moins de trois semaines. Même là où il existe une permanence, les délais sont d’un mois environ pour obtenir un rendez-vous.
Nos interlocuteurs ont parfaitement reconnu ces délais, précisant que cela arrivait uniquement à la rentrée…. Soit le moment où on a le plus besoin d’aide ?
Réponse du CROUS : financer par la CVEC ou comment faciliter le désengagement de l’Etat
- La solution pour embaucher de M. Parisis ? La Contribution Vie Etudiante et Campus (CVEC) ! Les 90 euros qui forcent les étudiant.e.s à financer directement l’université devraient, selon M. Parisis, permettre de « dégager une partie de la somme pour renforcer le personnel».
Celle-ci a été initialement pensée pour des dépenses de fonctionnement et non pour de la « masse salariale ». Cela est aujourd’hui apparemment possible et sera discuté lors de la prochaine commission le 27 novembre. Les sommes engagées avec l’argent de la CVEC doivent cependant être votées par le Conseil d’Administration.
- Nous avons expliqué au directeur que cela consistait à demander aux étudiant.e.s de payer directement pour les personnel.le.s, ce qui accompagnait et renforçait le désengagement de l’Etat. Ce dernier a acquiescé, mais a expliqué préférer dépenser la somme d’argent disponible pour renforcer le service social plutôt que pour des voyages de BDE (certes).
La suppression du système de paiement IZLY
1) Le nouveau mode de paiement par le système « IZLY » ne permet qu’un mode de paiement où le rechargement est de minimum 9,90 euros. En l’absence de la carte Izly, les tarifs de paiement en carte bleu sont majorés de 10% en cafétéria (TVA sur les repas en cafétéria) et doublés en restaurant universitaire (différence avec le tarif étudiant subventionné étatiquement) (https://www.sudetudiantlille.org/2017/10/izly-payer-plus-pour-manger-autant-rencontre-entre-la-cgt-etudiante-solidaires-etudiant-e-s-et-la-direction-du-crous-de-lille/) Nous avons expliqué que du fait du montant minimum de rechargement, beaucoup d’étudiant.e.s ne pouvaient pas manger, qu’il n’était pas possible de payer pour quelqu’un d’autre.
2) M. Parisis a reconnu qu’il fallait « plus de souplesse dans le système » et la possibilité de payer en carte bleue. Pour ceux qui n’en ont pas, tant pis puisqu’il n’est pas possible pour le CROUS de prendre de l’argent liquide dorénavant. Les aides sociales d’urgence accordées se transforment alors souvent en rechargements de la carte Izly. Le directeur du CROUS a cependant expliqué qu’il envisageait de faire pression sur la Région pour demander à ce que le système existant en Picardie soit étendu au Nord pas de Calais : 100 repas gratuits sur la carte Izly pour les boursiers échelon 6 ou 7. Il explique « militer » pour qu’au moins 1, 5 millions d’euros soient débloqués par la Région pour des repas gratuits d’urgence. De notre côté, nous pensons que ce dispositif de gratuit ne devrait pas s’appliquer qu’aux boursiers des plus hauts échelons, et que le ticket de RU devrait également baisser ( il est actuellement de 3,30 euros, augmentant de 5 centimes en un an).
L’ouverture des restaurants universitaires le soir
1) Actuellement, seuls deux restaurants universitaires sont ouverts sur la métropole le soir : celui de la faculté de médecine et le Sully à Cité scientifique. A quoi bon transformer les aides d’urgence en tickets de RU sur la carte Izly si cela ne permet pas aux étudiant.e.s de se nourrir le soir ?
- Parisis rétorque que les autres restaurants universitaires ont fermé car ils ne faisaient que 20 ou 30 repas maximum par soir (sous-entendu : ce n’est pas rentable). Pour lui, le service public a quand même vocation à « être soutenable ». Il a été ouvert cependant à l’idée de rouvrir des restaurants sur des sites « avec une grosse problématique » ou près des métros.
2) Nous avons rappelé que les personnels des RU n’étaient pas assez nombreux.ses pour garder tous les points de restauration ouverts, ce qui rend ceux qui le sont bondés et met les salariés sous pression face à ces longues files d’attente. Pour M. Parisis, c’est la faute à la concentration des cours et donc des étudiant.e.s sur trois jours mais aussi l’absentéisme des personnels ( 15 à 20%). Il ne lui est pas venu à l’idée, malgré nos remarques, que cet absentéisme était justement dû à cette pression due au manque de personnel.le.s. Le « manque de matériel » est pour lui seulement l’une des nombreuses causes apparemment inexplicables de cet absentéisme.
3) Le directeur du CROUS s’est ensuite insurgé qu’on puisse l’accuser de ne pas en faire assez, car il avait généreusement autorisé les Restaurants du cœur à s’installer en face de la résidence Galois à Cité scientifique, malgré les « conseils » qu’il a reçu (de qui ?) lui suggérant de ne pas l’autoriser car cela nuirait à l’image de l’Université, et mettrait en lumière les défaillances du CROUS dans sa mission de service de public. 610 étudiant.e.s iraient aux Restaurants du cœur.
Ce genre d’affirmation se passe évidement de commentaires, tellement il est choquant que M. Parisis se félicite de déléguer le travail de restauration du CROUS à une association de bénévoles, plutôt que d’y voir une raison de plus de répondre de manière urgente en cessant de maintenir le CROUS « soutenable ».
L’instauration d’une trêve hivernale en résidences étudiantes
- Actuellement, les étudiant.e.s en cités U ne sont pas des locataires sous un bail de droit commun, ils ne bénéficient donc pas des protections encadrant les droits des locataires du parc privé ou social, comme par exemple la trêve hivernale. Ils peuvent donc être expulsé.e.s n’importe quand.
Réponse du directeur : « Je vais tenir un discours qui va vous déplaire, mais c’est le discours que je tiens au personnel, aux responsables, et qu’on met en œuvre avec certainement de l’incompréhension en partie, mais en même temps on fait attention. Oui, on fait des expulsions. Par exemple, j’en ai encore là, au vu du contexte, on y va, on le fait, on passe au tribunal, et si on doit expulser on expulsera. »
- Le directeur distingue plusieurs cas. En gros, d’un côté des situations « abusives »: des personnes qui ne sont plus étudiantes (et doivent libérer les chambres pour les « vrai.e.s » étudiant.e.s même s’ils sont en difficulté sociale reconnait-il), des étudiant.e.s aux « comportements inacceptables » ( basé sur un exemple particulier d’un étudiant violent envers un veilleur de nuit) et de l’autre, les étudiant.e.s endetté.e.s représentant des situations diverses. Pour ces dernier.e.s, M. Parisis nous assure faire toujours vériier au service juridique qu’il ne s’agit pas « d’une situation sociale connue, très difficile ». Trop aimable à lui.
- En résumé : nous demandons une trêve hivernale pour tou.te.s, qui serait un droit, là où le directeur du CROUS concède à l’application d’une trêve hivernale partielle sous conditions.
Un rendez-vous la semaine suivante, le 22 novembre, avec l’Atelier Populaire d’Urbanisme, association de défense des locataires, a été fixé.
La revalorisation des bourses et la fin du contrôle d’assiduité
- Les étudiant.e.s vivent en-dessous du seuil de pauvreté pour un grand nombre d’entre elles et eux : les bourses ne suffisent plus pour vivre. 50% des étudiant.e.s doit se salarier pour vivre, 25% d’étudiant.e.s disposent des bourses au niveau national. 70% des étudiant.e.s sont donc exclu.e.s du système d’aides sociales : il faut donc une augmentation et une plus grande accessibilité des bourses.
Le directeur explique n’avoir aucune marge de manœuvre sur ce sujet, étant obligé d’appliquer la circulaire ministérielle spécifiant le montant des bourses.
- De même pour le contrôle d’assiduité, auquel sont conditionnées les bourses et qui amène beaucoup d’étudiant.e.s à perdre leurs bourses parce qu’ils n’ont pas pu se rendre en cours ou à des examens. Le directeur répond là aussi qu’il s’agit de la responsabilité de l’établissement, qui par ailleurs fixe ses propres conditions d’assiduité. Ce contrôle d’assiduité est également une décision de l’Etat qui conditionne les bourses à la tenue des études. Il reconnaît cependant ces disparités entre établissements. Nous avons expliqué que les délais pour les justificatifs sont trop courts, souvent de 48h, et ne permettent pas aux étudiant.e.s de justifier leur situation et les met en difficulté, alors qu’ils le sont souvent déjà. Le CROUS traite les suspensions ou suppressions de bourses sur signalement de l’établissement.
Mais que se passe-t-il en cas de contestation par l’éudiant.e auprès du CROUS ? Le directeur reconnaît bien qu’ils croient davantage l’établissement que l’étudiant.e. Ce qui permet l’arbitraire du côté de l’établissement. Le directeur assure cependant qu’il est possible de revenir sur la décision de suspension sur présentation d’un certificat médical ou justificatif même hors délai ( on le tient au mot).
Les aides d’urgence : existantes mais insuffisantes
Comment éviter qu’un.e autre étudiant.e ne se retrouve dans la même situation que notre camarade lyonnais ? avons-nous demandé au directeur.
Le CROUS propose des aides d’urgence annuelles (70% des fonds d’urgence, 800 étudiant.e.s à Lille) et ponctuelles. Le maximum correspond à une bourse équivalent échelon 1, soit 166 euros par mois sur 10 mois. Ce qui ne permet pas de vivre au quotidien et ne concerne a priori pas les étudiant.e.s ayant perdu leurs droits aux bourses.
Des droits supplémentaires (une année de plus que ce qui est prévu par la loi) sont déblocables pour « raisons médicales ou sociales » à hauteur d’un droit supplémentaire par cycle.
Plus de moyens pour les centres de santé
- 43% des étudiant.e.s renoncent à des soins, faute de moyens pour la moitié d’entre elles et eux. Les rendez-vous au SIUMPS (centre de santé de l’université) qui sont, eux, gratuits, ne sont pas disponibles avant une voire plusieurs semaines. Les médecins et psychologues sont en sous-nombre et il n’existe pas de spécialistes (dentaire, gynéco etc.) dans ces centres. Dans la majorité des SIUMPS, les soins ne sont même pas disponibles mais il s’agit seulement d’établissements de prévention (comme à l’ULCO) faute de moyens.
- Si les SIUMPPS ne dépendent pas du CROUS, le directeur a assuré souhaiter mettre en place un partenariat ces derniers, avec notamment des consultations psychiatriques. Cela sera discuté lors d’un rendez-vous entre le SIUMPS et le CROUS le 20 décembre. Ici encore, le financement proviendrait de la CVEC : sur les 1 325 000 euros de CVEC que détient le CROUS, l’un des trois axes de dépense devrait porter sur la santé. Selon M. Parisis, nos élu.e.s au CA de l’Université devrait porter cette demande, qu’il ne serait pas de bon goût de refuser. Des permanences psychologiques auraient été mises en place en résidences et il assure avoir fait rentrer au CA de l’Université la responsable du SIUMPS, preuve de son implication quant aux politiques de santé.
Si l’intention est louable – privilégier la santé au financement de projets associatifs- cela repose encore une fois sur l’argent privé venant de la poche des étudiant.e.s sans vision globale de l’accompagnement des étudiant.e.s
Transports gratuits
Cette revendication avait apparemment été abordée avec les élu.e.s au CROUS, en pointant notamment le fait que les étudiant.e.s habitant en-dehors de la Métropole Européenne Lilloise ( MEL) payaient 60 euros de transport mensuels, au lieu des 25 euros en interne de la MEL. La rectrice, présente à cette réunion, s’est engagée à faire remonter ces demandes à la MEL, en demandant également un tarif étudiant en-dehors de la MEL.
Nous avons insisté sur le fait qu’en cette période d’élections municipales, le moment était choisi pour rentrer dans un rapport de force avec la MEL.
Une plus grande implication et une meilleure communication de la part du CROUS
Nous avons fait l’état d’une méconnaissance de leurs droits et des aides disponibles du côté des étudiant.e.s, même les plus doté.e.s en ressources (parmi les syndicalistes par exemple). Globalement, l’attitude des représentant.e.s du CROUS a consisté à faire peser sur les syndicats et les élu.e.s étudiant.e.s la responsabilité de l’information aux étudiant.e.s en termes de droits, de redirection vers les services sociaux et d’intermédiaires pour faire remonter les problèmes rencontrés. Il sous-traite donc complètement le travail d’information de la part de l’institution sur les étudiant.e.s assurant ce travail de syndicalistes bénévolement.
En face, nous avons affirmé que notre rôle n’était pas de faire le service après-vente de la fac, même si nous y étions contraint.e.s actuellement. Nous avons également rappelé que nous ne pouvions pas passer seulement par les élu.e.s étudiant.e.s et avons exigé un.e interlocuteur.rice direct.e. Nous avons également reproché au CROUS son manque de réaction face à l’immolation de notre camarade, sans réponse.
Conclusion
Finalement, tout au long de cette entrevue, les responsables du CROUS ont successivement nié nos paroles, remis en cause notre bonne foi, expliqué qu’ils ne pouvaient rien faire/ qu’ils faisaient déjà beaucoup, allant jusqu’à nous demander à nous comment faire.
Nous avons cependant pu nous mettre d’accord sur quelques points, teintés cependant d’une touche de cynisme de leur côté, et obtenu quelques promesses. Nous attendons beaucoup de la réunion du 22 novembre sur la trêve hivernale, même si nous notons l’absence de la rectrice à celle-ci.
Cela dénote globalement d’une absence de réaction de la part des cadres du CROUS, désemparés face à la solution, n’ayant que peu réfléchi à des manières de répondre à l’urgence sociale que la tragique tentative de suicide du 8 novembre a mis violemment en lumière, et qui est prise de manière beaucoup trop légère à notre goût. Nous espérons cependant obtenir des avancées, de la part du CROUS mais également des autres décideur.se.s comme la Région, l’Université ou la MEL.
La réunion des directeurs de tous les CROUS aura lieu le 13 décembre, nous attendons qu’une stratégie commune de pression sur le Ministère soit décidée et mise en œuvre.
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