“Les revendications des étudiant-e-s ? Quelles revendications des étudiant-e-s ?”
Des partiels en ligne inégalitaires et imposés de force :
Un des sujets principaux du moment à l’IEP est bien sûr celui de la tenue des partiels en ligne pour le premier cycle. Lors de ce CA a été approuvée à une large majorité une modification du règlement des études qui permet aux professeur-e-s de changer les modalités d’évaluation des conférences de méthodes et des cours d’amphis, en d’autres mots ce règlement a approuvé sans le dire la possibilité de partiels en ligne.
Malgré l’évidence de l’importance de ce sujet, il a été répondu à toutes nos interventions que “ce n’était pas le rôle du CA” de statuer sur les modalités d’évaluation mais aux professeur-e-s. Cela alors que plusieurs avenants concernant les partiels ont été votés aux CA des IEP de Lyon, Strasbourg ou Aix. L’utilité de clamer cela est claire : empêcher les élu-e-s étudiant-e-s d’avoir une voix dans la décision sur les partiels et laisser la direction décider seule, dans son coin, sans contestations.
Heureusement, les contestations ne sont pourtant pas venues que de nous, mais également des délégué-e-s de 1A et 2A, parlant pour les étudiant-e-s qu’iels représentent. Celles et ceux-ci ont en effet boycotté en nombre le test de la plateforme Moodle du 9 avril devant servir à organiser les partiels en ligne. 73% des classes de filière générale ont participé à ce boycott. Le mail qui annonçait leur boycott, et dont nous avons lu un extrait au CA, invoquait notamment les mauvaises dispositions physiques et psychiques dont souffraient les étudiant-e-s, les inégalités face aux situations de confinement et les problèmes techniques que des étudiant-e-s peuvent rencontrer. Nous avons totalement soutenu les revendications des délégué-e-s et avons continué de plaider pour une annulation de ces partiels ou au moins pour la mise en place d’un C améliorable afin d’alléger le stress des étudiant-e-s. Enfin, une voix contestataire s’est aussi élevée par le biais de M. Passard, élu enseignant. Celui-ci a déploré comme nous le maintien de partiels en ligne dans des conditions qui n’étaient favorables pour personne au sein d’une continuité pédagogique “illusoire” et qui “n’existe pas”
Face à toutes ces voix contestataires la direction et certains professeurs réactionnaires se sont érigé-e-s en bloc pour défendre leur modalité. Nous avons entendu de la part de Mme Chalmin que les délégué-e-s avaient été consulté-e-s (ce qui est vrai, mais iels n’ont pas été écouté-e-s) et que remettre en cause la continuité pédagogique serait un irrespect pour le travail des professeur-e-s ! De manière tout à fait contradictoire, M. Mathiot et M. Darriulat ont fermé le débat en clamant qu’il n’était pas de la responsabilité des étudiant-e-s de déterminer leurs conditions d’examens. La direction s’est donc rendue totalement sourde aux demandes de la grande majorité de leurs étudiant-e-s d’annuler des partiels devenus surréalistes dans un tel contexte.
Le vote s’est déroulé après une énième coupure de parole suivi d’un commentaire désobligeant de la part du président du CA, Eric Charpentier, celui-ci prétendant que “certain-e-s” font semblant de ne pas voir la situation exceptionnelle qui les entoure… Nous espérons que la direction a bien pris ce commentaire pour elle.
Avec seulement 5 votes contre (les 3 élu-e-s Solidaires, M. Passard et Mme Leconte) et 2 abstentions (Mme Elert et M. Boyadjian) le règlement des études a été approuvé à une large majorité et notamment avec les voix des 6 autres élu-e-s étudiant-e-s.
Un calendrier modifié : des délais étendus et les dates des rattrapages décalés
Des changements dans le règlement des études ont aussi été réalisés concernant la partie stages. Tout d’abord, les stages des 5A pourront être réalisés jusqu’au 31 décembre 2020. Il est également précisé que “Si le stage est interrompu temporairement, l’étudiant, étudiante pourra le reprendre et le poursuivre dans le respect des règles de confinement”. Cependant, une des formulations dans le document nous a interpellé. Il est ainsi noté que “Si le stage est interrompu définitivement, l’étudiant, étudiante DEVRA effectuer un stage supplémentaire”. Si nous saluons le fait que certain-e-s étudiant-e-s pourront avoir facilement des conventions jusqu’en décembre grâce à la modification, nous désapprouvons l’obligation pour les étudiant-e-s de réaliser un stage au vu de la situation. Tout d’abord car cela va être source d’angoisse pour les étudiant-e-s ayant déjà subi une annulation de stage mais également car effectuer un stage en temps complet met des étudiant-e-s dans une situation précaire, qui plus est dans le cas actuel où les étudiant-e-s le réaliserait après la fin de leur année scolaire alors qu’iels pourraient travailler. Nous avons fait connaître nos inquiétudes à Mme.Bazin et avons demandé que le “devra” soit remplacé en “pourra” afin que les étudiant-e-s agissent comme iels peuvent et donc sans stress supplémentaire. Lors de la réunion pré-CA, celle-ci avait refusé et défendu cette formulation en expliquant qu’elle était là pour inciter les étudiant-e-s à chercher un stage tout en précisant que celleux qui ne trouveraient pas ne seraient pas pénalisés. Malgré ses propos nous ne pouvons faire entièrement confiance qu’au texte et celui-ci n’a pas été modifié. Nous avons donc voté contre cette modification du règlement des études.
Parmi les documents pour ce CA, deux concernaient la modification du calendrier de fin d’année. Seul un des documents était soumis au vote du CA. Il proposait ainsi que la fin de l’année universitaire passe du 30 septembre 2019 au 31 décembre 2020 et ce uniquement pour que les 5A puissent obtenir une convention de stage jusqu’à cette date. Il proposait enfin la suppression du Grand Oral pour les 4A et surtout un décalage de la session de rattrapages : celle-ci ne finirait plus le 26 juin mais le 1er juillet. Lors de la réunion pré-CA, nous avons notifié aux directrices d’études ainsi qu’à M.Mathiot que nous étions opposé-e-s au fait que ceux-ci durent jusqu’au 1er juillet notamment car cela pénaliserait les étudiant-e-s qui comptent travailler cet été et que, étant prévu que les rattrapages se fassent en présentiel, il n’était pas normal de modifier cette date au dernier moment. Mme.Chalmin nous a assuré que chaque année des étudiant-e-s travaillent pendant le mois de juin et qu’une solution est toujours trouvée pour celleux-ci.
Étant en accord avec les autres modifications et n’ayant en effet jamais été sollicité par des étudiant-e-s salarié-e-s pour des problèmes concernant les rattrapages, nous avons décidé de “faire confiance” et de ne pas voter contre ce calendrier. Nous avons cependant préféré nous abstenir car nous n’étions pas totalement favorables à toutes les modifications.
Finalement, le deuxième document nous informe de plusieurs échéances concernant la fin d’année pour le premier et le deuxième cycle.
Pour le 1er cycle :
- Les professeur-e-s ont jusqu’au 15 avril pour déposer les sujets d’examen du second semestre afin que ceux-ci soient évalués par la direction. Il faut que ceux-ci ne portent que sur ce qui a été vu avant le confinement et qu’ils ne soient pas pénalisants pour les étudiant-e-s. Si un des sujets ne convient pas, la direction s’autorise à demander au/à la professeur-e concerné-e de le modifier.
- Les examens (en ligne vraisemblablement) des 1A et 2A auront lieu entre le 4 et le 30 mai mais seront sûrement concentrés entre le 4 et le 13 mai. Les professeur-e-s auront ensuite jusqu’au 2 juin pour retourner les notes.
- Les professeur-e-s de conférence de méthode ont jusqu’au 18 mai pour rendre leurs notes
- Concernant les résultats : le jury se réunira pour délibérer le 11 juin. Les résultats seront publiés le 12. Les copies du second semestre pourront être consultées le 15 juin. Les rattrapages auront lieu du 22 juin au 1er juillet.
- Les professeur-e-s qui réaliseront les rattrapages auront jusqu’au 3 juillet pour rendre les notes. Le jury se réunira une seconde fois pour délibérer le 9 juillet. Finalement, les résultats seront publiés le 10 juillet.
Pour le Cycle Master :
- Pour le premier semestre, les rattrapages auront lieu du 4 au 13 mai.
- Les professeur-e-s ont jusqu’au 18 mai pour rendre les notes de contrôle continu.
- Les rapports d’expertise, les mémoires de recherche et les Bachelorarbeit (pour les FIFA) doivent être retournés pour le 5 juin. Les soutenances de mémoires et rapports d’expertise se tiendront avant le 30 juin.
- Le jury déliberera le 10 juillet.
- Les résultats seront publiés le 15 juillet. Les résultats pour la 2nde session seront transmis le 15 également.
Alors que la future 3A s’annonce difficile, des alternatives en préparation :
Le CA a été l’occasion de recevoir quelques informations sur le déroulé de la future 3A mais également sur la fin d’année des 3A actuel-le-s. Concernant les futur-e-s 3A, la situation est pour l’instant très floue puisqu’à peu près 90% des universités partenaires ont gelé leur décision quant à l’année prochaine, nous aurons donc plus d’informations au fur et à mesure que le temps passe. Ce qui est sûr est que ce sera une année difficile et exceptionnelle pour les 3A. Il y a pour l’instant très peu de retours officiels sur des universités qui annuleraient leur mobilité, pour cause il n’y en a eu que deux : une université en Colombie Britannique, au Canada et une en Thaïlande. Malheureusement ces retours vont probablement se multiplier, les destinations les plus à risque étant l’Amérique du Nord et l’Asie du Sud-Est ainsi que le Japon. Par rapport à Erasmus, aucune nouvelle n’est encore revenue. En règle générale cependant, toutes les destinations en dehors de l’UE promettent d’être difficiles et dépendent également des recommandations du ministère des affaires étrangères ainsi que de la possibilité d’avoir un visa ou un passeport.
Face à ces difficultés, l’administration a mis en avant plusieurs alternatives qui nous paraissent a priori adaptées telles que des basculements entre mobilités mixtes et académiques selon les disponibilités, une inversion des semestres entre stage et université, des changements de destinations ou de stages, voire un stage en France pour les mobilités mixtes. Il a aussi été évoqué de ne réaliser que le S2 de sa 3A et/ou de suivre des cours à distance selon les possibilités des universités concernées.
Nous devons d’abord saluer la soudaine possibilité d’un stage en France, alternative dont nous faisions la promotion en cas de problème médical seulement 2 mois auparavant et qui rencontrait une franche opposition de la direction. Nous espérons que cette alternative sera étendue aux personnes souffrant de problèmes médicaux lors des prochaines années. Ensuite, nous regrettons le manque de perspective prévue pour des personnes ne pouvant partir ni en académique ni en mixte à cause d’un potentiel manque de place. Nous ne savons effectivement pas à quel point les universités seront fermées à la mobilité et il serait bon de prévoir une solution de remplacement au cas où les partenariats de l’IEP ne suffiraient pas pour toustes ses étudiant-e-s.
Enfin, pour les 3A actuel-le-s, un document assure la validation automatique du second semestre. Or, ce même document rend toujours possible un redoublement voire une exclusion de l’IEP se basant seulement sur le premier semestre ! Nous trouvons inacceptable qu’il soit possible d’être pénalisé-e dans la situation exceptionnelle qu’est cette année alors que des étudiant-e-s attendaient sûrement le deuxième semestre pour rattraper le premier. Nous avons soulevé cette question face à M. Mardellat et celui-ci nous a répondu qu’il ne connaît aucun-e étudiant-e qui aurait raté son premier semestre et qui devrait donc redoubler, ajoutant que des cas particuliers existent et sont connus de l’administration. Toutefois, la possibilité de redoubler étant quand même écrite noir sur blanc, nous avons voté contre les dispositifs d’aménagement pour la 3A. Le document a été approuvé par la totalité des autres votant-e-s.
Nouveau règlement du concours commun : une sélection toujours plus élitiste et arbitraire
Ce CA a également approuvé le changement du règlement du concours commun pour cette année en raison des circonstances exceptionnelles. Encore une fois, c’est avec amertume que nous constatons le rôle infime joué par les élu-e-s étudiant-e-s et le manque flagrant de fonctionnement démocratique au sein des IEP. Ce changement a été préparé en amont par l’ensemble des directeur-trice-s des IEP participant au concours commun et nous n’avons donc pas eu notre mot à dire.
Pourtant, la procédure qui va être mise en place nous apparaît comme encore plus profondément injuste, élitiste et arbitraire que la procédure habituelle. Solidaires étudiant-e-s s’oppose à toute forme de sélection, et en particulier par dossier. En effet, la méthode choisie, basée sur les notes obtenues au contrôle continu et au bac, est très inégalitaire bien que les IEP ne prennent pas en compte les facteurs qui pourraient rendre cette sélection encore plus élitiste (nom du lycée, lettre de motivation, CV…). Faire reposer en grande partie l’admission d’un-e candidat-e sur le contrôle continu est élitiste, l’institution scolaire étant une institution qui tend à reproduire les inégalités et la hiérarchie sociales. De plus, cela ne prend pas en compte les potentielles “erreurs de parcours”, les décrochages, les maladies, les contexte familiaux difficiles, ensemble de facteurs auxquels les candidat-es- ne sont pas confronté-e-s de façon égale. De plus, beaucoup de candidat-e-s ont consacré moins d’attention à leur année de terminale, voire de première; en raison de la préparation extrêmement exigeante du concours commun.
Cela est d’autant plus grave que le calcul utilisé pour “prendre en compte la place” du/de la candidat-e dans sa classe (et donc éviter une sélection biaisée par les différences de notation entre les lycées) comporte en réalité une part d’arbitraire très conséquente. Le calcul repose en effet en très grande partie sur la meilleure note et la moins bonne note de la classe, notes qui sont par essence non représentatives du niveau de la classe et sur lesquelles le/la candidat-e n’a absolument pas de prise. Il suffit d’appliquer la formule pour s’en rendre compte. L’exemple donné par l’administration est celui d’un-e candidat-e ayant 16 en histoire-géo, avec une moyenne de classe à 12, une meilleure note à 17 et une moins bonne note à 4. Cela donne une note redressée finale de 18,46. Il suffit que la meilleure note de la classe soit de 20 pour que la note redressée finale du/de la candidat-e passe à 15. Si on ajoute à cela que la moins bonne note est de 8, la note redressée finale du/de la candidat-e passe à 13,33. Autant dire que pour ces deux derniers cas la chance d’accéder à un IEP est nulle, au vu du nombre annuel de candidat-e-s. Et cela alors même que la note du/de la candidat-e et la moyenne de la classe n’ont pas bougé!
Concernant les candidat-e-s boursier-e-s, l’interclassement réalisé par Parcoursup ne concerne que les boursier-e-s de l’enseignement secondaire dont le nombre est nettement inférieur aux boursier-e-s de l’enseignement supérieur. Cela ne garantit donc pas une plus grande équité et invisibilise une grande partie des futur-e-s boursier-e-s
Enfin, on peut constater le dédain avec lequel sont traité-e-s les candidat-e-s issu-e-s séries technologiques, de diplômes étrangers équivalents au baccalauréat et du diplôme d’accès aux études universitaires (DEAU). Le fait qu’iels ne représentent qu’une centaine de candidat-e-s au concours commun est utilisé par l’administration pour justifier un traitement extrêmement flou. Nous ne savons pas par exemples sur quelles notes du contrôle continu seront évalué-e-s les candidat-e-s des filières technologiques tandis que les DEAU et les diplômes étrangers équivalents au baccalauréat “feront l’objet d’un traitement spécifique par le jury de la procédure d’admission” sans que nous ne sachions précisément ce que cela signifie.
C’est pour toutes ces raisons que nos trois élu-e-s (ainsi que Mme. Leconte et M. Passard) ont voté contre ce nouveau règlement. Le reste du conseil d’administration dont les élu-es Alter’Eco a voté en très grande majorité pour, accompagné du silence des élu-es Avenir qui se sont abstenu-es.
Concernant la sélection des filières internationales :
Là encore l’admissibilité sera décidé à travers l’examen des dossiers des candidat-e-s : Bac +0 et Bac +1 seront séparés, tout comme les étudiant-e-s de bacs généraux et titulaires de “diplômes spécifiques” sont aussi séparé-e-s. Un interclassement est ensuite réalisé pour donner une liste finale de candidat-e-s Bac +0 et Bac +1 admissibles. Suite à cette procédure vont être réalisés des oraux par Skype. Il est précisé qu’il sera tenu compte des éventuelles difficultés de connexion, celles-ci “ne pourront pas être invoquées contre un(e) candidat(e).”. Cependant, si il est assez facile d’écrire cela, cela l’est beaucoup moins à faire appliquer. Un-e candidat-e qui subit des problèmes de connexion sera forcément pénalisé du fait que le jury aura plus de mal à évaluer son niveau de langue ou sera forcément exaspéré de la situation, même sans le vouloir.
Pour les candidat-e-s aux doubles diplômes, les frais de concours ne seront pas remboursés. Cela est justifié par M.Mathiot et Mme.Elert par le fait qu’il y a une sélection plus humaine notamment des professeur-e-s qui font partie du jury mais également par le fait qu’il va leur falloir payer des ressources particulières pour traiter les candidat-e-s et leur sélection. Malgré ces explications nous ne trouvons pas normal que ces droits ne soient pas remboursés. En premier lieu pour une raison politique, nous pensons que l’inscription au concours devrait être gratuite. De façon plus spécifique dans ce contexte, les candidat-e-s ont payé pour être sélectionné-e-s à travers un concours écrit et non par dossier. Il est fort à parier que les candidat-e-s ont mis du temps à préparer ces écrits et que certain-e-s n’auraient pas forcément postulé en ayant su que la sélection se faisait par dossier.
Nous avons donc décidé de voter contre cette procédure d’admission comme nous l’avons fait pour le Concours Commun. Deux autres professeur-e-s ont également choisi de voter contre : M.Passard et Mme.Leconte. Finalement, quatre autres élu-e-s ont décidé de s’abstenir : les trois élu-e-s Avenir SPL et Mme.Elert. Le reste du conseil a approuvé ce texte qui a donc été voté à la majorité.