Nos deux nouveaux.elles élu.e.s ont participé au Conseil d’Administration du 13 décembre 2018. C’est aussi le dernier CA pour M.Lengaigne, qui pour l’occasion nous offre son bilan de directeur de Sciences Po Lille depuis 2015. De ses 3 ans et demi de direction, il se félicite sur sa réussite dans le relogement de l’IEP, la réforme du premier cycle (un très grand succès jusqu’à maintenant comme le prouve le système de notation), le développement de la vie associative et des relations internationales. À cela M.Vendendriessch conclut avec émotion que M.Lengaigne “a fait passer ScPo de l’adolescence à son âge adulte”. Notre père à tou.te.s quitte donc le navire en mars prochain.
Si SUD Solidaires étudiant.e.s devait dresser un portrait de la politique de M.Lengaigne, il ne serait évidemment pas aussi élogieux. Nous avons souvent dénoncé des décisions irrecevables (citons comme exemple l’élection de Gérald Darmanin au CA) ou encore des pratiques peu démocratiques de la part des autres membres de la direction (suppression de la convention avec l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de Lille décidée arbitrairement par M.Benchendikh). La liste des griefs est longue, et le rôle de notre syndicat n’est pas de graisser la patte à la hiérarchie mais de la dénoncer comme mode de fonctionnement défaillant. Système de notation, système de classement, fermeture d’une conférence aux extra-européen.ne.s : tout est décidé unilatéralement. Ce dernier CA en est une illustration parlante, car nous sommes encore les seul.e.s à oser voter “contre” en cas de désaccord.
Lengaigne a davantage “laissé passer ScPo du public à son âge privé”
Comme chaque année, nous votons contre le budget de Sciences Po Lille pour l’année prochaine. Fidèle à elle-même, l’école laisse l’État se désinvestir du financement de nos études en augmentant ses recettes de financement privé, soit 3 234 271 euros en 2019 contre 2 961 390 en 2018. Aujourd’hui, le financement privé représente 57% du budget de l’école, une part beaucoup trop importante pour une école publique, extraite majoritairement des frais d’inscription. Cette part a augmenté chaque année sans que M. Lengaigne ait tenté de protester contre cette marchandisation de l’enseignement supérieur. À ce rythme là, pourra-t-on encore prétendre longtemps que Sciences Po Lille est une école publique ?
Nous avons profité de la question du budget pour demander en quel honneur 14 000€ étaient accordés à l’association Munwalk, sans que ce ne soit discuté en Commission de la Vie Associative (distribuant le budget alloué aux associations de Sciences Po Lille), dans laquelle le Munwalk reçoit à nouveau des subventions. Comme sa vision de l’enseignement supérieur, la réponse du directeur est élitiste : le Munwalk reçoit une subvention exceptionnelle qui existe depuis plus de 10 ans, qui est « prise en charge » par l’école et assumée par le directeur. Sa justification : elle est au « top 5 (à 8) des associations au niveau mondial » et participe à la bonne image de l’école. La renommée mondiale n’est pas véritablement une priorité à notre sens, pourquoi des associations comme BCBG ou La Ruche qui participent davantage au bien-être des étudiant.e.s et qui les sensibilisent à des sujets d’actualité n’auraient pas droit à un tel budget ? Certes, M.Lengaigne a développé la vie associative durant son mandat, mais il a également participé à une hiérarchisation injuste et infondée des associations.
L’école utiliserait-elle l’argent destiné aux étudiant.e.s en difficultés financières pour acheter des médailles aux bon.ne.s corporatistes ? Enquête sur les affaires financières suspectes de Sciences Po Lille.
Pendant la dernière CAS (Commission d’Aides Sociales), nous n’avons dépensé que 25 000 euros sur les 71 000 de budget. Nous avons demandé comment le reste du budget était utilisé, puisqu’il n’avait pas été reconduit sur la CAS suivante. Le directeur a commencé par répondre que la somme était réaffectée et dépensée dans d’autres domaines (bien différents de l’aide au étudiant.e.s). Mais oups ! Mme Figueredo le coupe et estime que les chiffres que notre élue a communiqués sont erronés, et “pense” que tout l’argent a été distribué à travers les bourses qui lui ont été données par mandat, lors des CAS spéciales. Or nous ne savons absolument pas comment la directrice générale des services distribue personnellement, et selon quels critères, le reste des aides aux étudiant.e.s dont elle traite le dossier à part de la Commission. Malgré ses dires, nous n’avons rien trouvé sur le site de l’IEP. Et comme si ça ne suffisait pas, il a été proposé au Conseil d’Administration de voter le financement d’achats de cadeaux, fleurs et de médailles à destination des étudiant.e.s, des enseignant.e.s et du personnel (nos deux élu.e.s se sont abstenu.e.s). Une demande ridicule quand on sait que la CAS peut refuser d’aider des étudiant.e.s obligé.e.s parfois de travailler pour ne pas crever de faim. Sans accuser l’école de prendre directement leur argent pour financer ce genre d’artifices, l’usage de l’argent de la CAS à d’autres fins est une honte, voire une pratique illégale. Affaire à suivre.
M.Mardellat ne peut plus se payer un 3 étoiles à Taiwan.
Un autre projet du Conseil d’Administration, porté par le directeur des relations internationales, était d’augmenter le per diem, indemnité versée aux personnes (et donc aux enseignant.e.s des relations internationales) partant à l’étranger, calculée selon le coût de la vie du pays d’accueil. En effet, le calcul de ce coût datant de quelques années, il est devenu obsolète. Fort bien. Notre élue a donc demandé si les bourses attribuées lors de la CMI (Commission de Mobilité Internationale) seraient revues à la hausse, dans la continuité logique de l’augmentation du per diem. M. Mardellat s’est offusqué en estimant que cela n’avait rien à voir, et que l’injustice résidait dans le fait qu’il n’avait toujours pas été remboursé de “ce qu’il avait payé de sa poche” lors de l’un de ses voyages en juin dernier.
Quelles ont été les autres décisions prises pendant le CA ?
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- La Bibliothèque va pouvoir s’agrandir ! Le CA a accepté à l’unanimité la proposition de la Mairie de Lille d’ouvrir le 1er étage pour le tarif de 92 euros pour le m2.
- Proposition de nouveaux tarifs sur la location des espaces du bâtiment rue Angellier (contre : nous nous opposons à une privatisation de l’enseignement, et donc à ce que l’école fasse des bénéfices privés en louant des locaux).
- Élection de la directrice ou du directeur de Sciences Po Lille le samedi 19 janvier : modalités de la campagne et de la procédure de désignation (contre : le CA n’est pas renouvelé entièrement, les personnalités extérieures seront élues le 28 février).
- Les dons et mécénats du Crédit Mutuel, de la MAIF et de Total (vote contre de SUD).