Valérie Pécresse, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a annoncée hier les 6 campus retenus et indiqué que 4 autres allaient suivre.
Les campus non retenus en définitif seront surement très déçues, mais dans l’absolu toutes les universités, même celles choisies, ont perdues.
Chacun se réjouira que de l’argent arrive pour aider les universités a améliorer un peu l’état des établissements. Mais l’ampleur de l’engagement financier et les méthodes retenues sont plus que discutables.
- l’argent promis est issu de la vente d’actions EDF (3,74 milliards, ils nous parlaient de 5 milliards mais les 1,26 milliard qui manquent personne n’indique clairement d’où ils vont venir). Dans quel pays vivons nous ? Un pays où l’on brade un service public stratégique (via sa privatisation) pour payer le fonctionnement normal d’un autre service ! C’est un peu comme vendre un rein pour se payer a manger ! Comme si notre pays qui fais par dizaines de milliards des cadeaux au 5% les plus riches ne pouvait pas payer un enseignement supérieur décent.
- 5 milliards (si c’est effectivement la somme déboursée), c’est une somme encore plus faible que pour les plans similaires réalisés par le passé (6 milliards en 1990, pareil en 1998) et l’inflation fait que cela est beaucoup bien moins ambitieux que les plans précédents.
- on continue de fonctionner via des coup de pub comme celui là plutôt que de donner aux universités les moyens nécessaires à leur bon fonctionnement sur la durée. Leur permettre de s’organiser sur le long terme pour planifier l’évolution des campus.
- on met en place des logiques de mise en concurrence des universités plutôt que d’encourager le travail coopératif par la mise en place de réseaux de mutualisation d’expérience. Dans les conseils d’administration des universités on parle de plus en plus souvent de stratégie pour doubler l’université voisine que de pédagogie ou de recherche.
- l’argent plutôt que d’être versé aux universités sera donné à des entreprises tel que des banques qui financeront les travaux à crédit et se rembourserons sur des années. Le gouvernement décide d’enrichir les banques plutôt que de donner à temps l’argent aux services publics. Au final c’est moins d’argent pour l’enseignement supérieur et plus pour les banques. Cela lui permet de faire encore moins d’effort financier en refilant des dettes (non comptabilisées dans le déficit public) à ces successeurs. Une attitude des plus responsable !
- en ayant une vision centrés sur quelques sites on renforce encore les disparités entre universités. Quelques grandes villes vont avoir une petite bouffée d’air et les autres n’auront qu’à espérer qu’un jour on se souvienne de leur existence. La volonté est clairement de faire mourir la majorité des universités pour n’en garder qu’entre 15 et 20 (sur 85 actuellement).
- les sites choisis sont des établissement qui ont mis beaucoup de zèle pour appliquer la LRU ou serviles dans la mise en place des PRES, véritable usine à gaz gouvernementales (censés favoriser les coopérations, ils renforcent en définitif le poids du tissu politique et économique local dans les orientations de nos universités). Une prime à la servilité faite pour servir de message clair aux universités pas assez coopératives dans la mise à disposition des étudiants et personnels de l’université au service des pouvoirs économiques locaux.
De telles logiques, qui sont indignes d’un grand pays développé, handicapent toujours plus les universités, et au delà des structures, c’est la vie des étudiants, des personnels techniques et administratifs, des enseignants et chercheurs qui est en jeu.
Combien de temps encore les étudiants devront vivre dans cette situation sociale indigne, la misère deviens quasiment une norme sociale à l’université, des étudiants sont chaque année SDF sur nos campus, sautent 2 repas sur 3, font des boulots non déclarés, ont cours dans des amphis où manquent parfois sièges et lumière.
Combien de temps encore les personnels techniques et administratifs devront réclamer des outils pour travailler, des matériaux pour rénover, du temps pour aider les étudiants. A la place on a des personnes qui travaillent à plein temps pour répondre aux caprices gouvernementaux, notamment en raison de la logique de financement par projet qui outre son absurdité pour un établissement d’enseignement supérieur, qui doit travailler sur la durée est très gourmand en personnel, déjà une denrée rare pour nos établissements.
Combien de temps encore les enseignants n’auront ni le temps ni l’argent pour améliorer la qualité de leurs enseignements. Mettre à jour les données scientifiques, élaborer des supports de cours, consacrer plus de temps aux étudiants qui ont des difficultés dans leur matière.
Combien de temps les scientifiques devront passer tant d’heures à réclamer du matériel ou des financements, temps qu’ils ne peuvent utiliser à aire ce qu’ils voudraient passer à leurs recherches.
L’université française manque cruellement d’argent et ce plan, comme d’autre du même genre, ne résoudront pas le problème. La volonté politique n’y est pas et l’idéologie qui guide ces mesures fait que le peu d’argent qui arrive est mal utilisé. Encore du temps perdu et des occasions gâchées.